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Électricité : nucléaire, énergie renouvelable… Les prévisions de RTE pour les 10 années à venir

La France se rêvait en Gargantua électrique. La voilà bientôt (presque) à la diète. Dans son nouveau bilan prévisionnel pour les dix prochaines années (2025-2035), présenté ce mardi matin, le Réseau de transport de l’électricité (RTE) revoit ses ambitions de consommation électrique à la baisse.Dans son édition précédente, parue en 2023, la filiale d’EDF, en charge de la gestion des lignes très haute tension (400 000 volts), présentait un scénario très ambitieux, dans lequel le pays pourrait consommer jusqu’à 650 térawatt-heures (TWh) d’électricité chaque année, à partir de 2035. Contre une moyenne de 450 TWh aujourd’hui.Dans son nouveau document, il est désormais envisagé des volumes oscillant plutôt entre 505 TWh, dans le cadre d’une trajectoire de décarbonation lente ; et 580 TWh, pour une décarbonation accélérée. La faute, selon RTE, à une électrification des usages moins dynamique que prévu. « La France risque de rater ses objectifs de décarbonation et de réindustrialisation en raison d’une transition des énergies fossiles vers l’énergie électrique encore trop lente, souligne le gestionnaire. Mais cette stratégie demeure réalisable. »Des politiques publiques aux résultats décevants« Les politiques publiques en faveur de l’électrification n’ont pas donné les résultats escomptés, constate Sylvain Le Falher, cofondateur et directeur général du comparateur Hello Watt. Dans l’industrie tout d’abord. Mais également au niveau des ménages, pour déployer les pompes à chaleur (PAC) en remplacement des chaudières au fioul ou à gaz ; ou dans la mobilité, pour substituer les moteurs électriques aux thermiques (essence ou diesel). » Des technologies qui font pourtant miroiter de substantielles économies sur les factures.Un constat partagé par Nicolas Goldberg, spécialiste des questions énergétiques au cabinet Colombus Consulting : « Les précédentes prévisions de RTE reposaient, en partie, sur l’hypothèse que les promesses des politiques publiques seraient tenues, décrypte l’expert. Ce qui, visiblement, n’est pas le cas. En plus d’un retard sur la décarbonation, le ralentissement économique éloigne les perspectives d’une réindustrialisation massive. De même, la production d’hydrogène bat de l’aile et les objectifs ont été, eux aussi, revus à la baisse. »Résultat : la prospective ajustée aujourd’hui par RTE apparaît toujours ambitieuse, mais probablement plus réaliste. « La France est rentrée dans un épisode transitoire de surcapacité et d’abondance de production d’électricité », confirme Xavier Piechaczyk, président du Directoire de RTE. De quoi pousser le gouvernement à revoir sa feuille de route énergétique ? A priori, pas pour le nucléaire. Il est, par exemple, prévu de construire six nouveaux réacteurs nucléaires, de type EPR 2. Avec une facture aujourd’hui évaluée à 67 milliards d’euros, mais qui, selon de nombreux spécialistes, pourrait rapidement flamber au-delà des 100 milliards.D’autres investissements, dans les mêmes ordres de grandeur, sont à prévoir. RTE a, de son côté, calculé le coût de modernisation de son réseau pour les dix prochaines années : 100 milliards d’euros là aussi. Auxquels on peut ajouter 100 milliards supplémentaires pour Enedis, une autre filiale d’EDF, en charge de la distribution d’électricité (via les lignes moyennes et basses tensions). Des chiffres qui donnent le tournis. Sachant qu’EDF est elle-même plombé par une dette de 54 milliards d’euros.Des chantiers nucléaires toujours d’actualité« Forcément, une consommation revue à la baisse, ça devrait pousser l’État à réfléchir, estime Sylvain le Falher. Surtout quand les coûts des grands chantiers d’EDF connaissent systématiquement des dérives considérables. L’EPR de Flamanville devait coûter 3,3 milliards d’euros, on en est à plus de 24 milliards. Ce qui fait un coût de production de l’électricité sans doute au-delà des 300 euros le mégawattheure (MWh). On est loin des 50 euros du renouvelable. »Pas question pourtant de remettre en cause, pour le moment, ces chantiers nucléaires. Le gouvernement cherchera plutôt à baisser la voilure côté renouvelables. « L’éolien ou le solaire vont bien poursuivre leur déploiement, prédit de son côté Nicolas Goldberg, mais sans doute à une moindre vitesse. Il faut oublier, par exemple, l’objectif de 18 gigawatts (GW) d’éolien offshore fixé lors du discours de Belfort (prononcé par Emmanuel Macron à l’usine de General Electric en 2022). On ne dépassera sans doute pas les 10 à 12 GW. »En plein débat sur le futur énergétique de la France, le gestionnaire du réseau de haute tension souligne néanmoins « la pertinence d’une électrification rapide du pays pour réduire ses dépendances aux fossiles importés, améliorer sa balance commerciale et permettre sa décarbonation rapide ».Électrifier nos usages, notamment via le renouvelable, c’est pourtant diminuer notre dépendance aux énergies fossiles, dont les importations proviennent de pays comme la Chine ou des États-Unis, et même pour une faible partie, encore de Russie. Des pays qui ne nous veulent pas forcément du bien.

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