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Pologne : lors de son investiture, le nouveau président ouvre une ère de tensions avec le gouvernement pro-européen

Pologne : lors de son investiture, le nouveau président ouvre une ère de tensions avec le gouvernement pro-européen
Varsovie - L’historien conservateur Karol Nawrocki, 42 ans, a été investi mercredi nouveau président de la Pologne, ses premières déclarations présageant une cohabitation difficile avec le gouvernement pro-européen de Donald Tusk. Dans la matinée, le nouveau chef de l’Etat a prêté serment devant les deux chambres du Parlement réunies en session extraordinaire. Dans son discours d’inauguration, il a promis d'être «la voix du peuple polonais», de «ceux qui veulent une Pologne souveraine». Il a critiqué le gouvernement de Donald Tusk estimant que les élections qu’il a remportées ont envoyé «un message fort» à toute la classe politique et «indiqué qu’il n’est plus possible de gouverner de cette manière». M. Nawrocki s’est prononcé pour «la Pologne qui est dans l’Union européenne, mais qui n’est pas l’Union européenne et qui est et restera la Pologne». «Nous devons combattre ceux qui poussent la Nation vers le déclin et la dégradation», a-t-il déclaré, citant Ignacy Paderewski, un Premier ministre polonais du début du XXe siècle. Il a également souligné l’importance de l’alliance de la Pologne avec les Etats-Unis et a promis que son pays jouerait un rôle actif dans l’Otan. Le nouveau président a annoncé une série d’initiatives législatives, notamment dans le domaine économique permettant de «réveiller les aspirations du peuple polonais». Lors de l’inauguration, quelques milliers de personnes venues de tout le pays se sont rassemblées devant le Parlement pour exprimer leur soutien au nouveau président. «Il ne rampe pas devant Bruxelles», a déclaré à l’AFP Jan Smolinski, 75 ans, un mineur retraité, ajoutant: «C’est un vrai Polonais, de chair et de sang». Marietta Borcz, une assistante dentaire de 57 ans, a déclaré que c'était «important» pour elle que Nawrocki «soit catholique et qu’il défende les valeurs chrétiennes». M. Nawrocki, un historien de formation soutenu par le principal parti d’opposition, Droit et Justice (PiS, nationaliste), a remporté à une courte majorité le scrutin présidentiel du 1er juin. Il a battu le pro-européen Rafal Trzaskowski, un revers grave pour la coalition pro-UE en place depuis bientôt deux ans, et qui confirme la forte polarisation politique dans ce pays membre de l’Otan et de l’UE, voisin et grand soutien de l’Ukraine face à l’agression russe. Entre compétition et confrontation Elu pour un mandat de cinq ans, le chef de l’Etat exerce en Pologne principalement une influence sur la politique étrangère et de défense - il est le chef des forces armées -, mais dispose aussi du droit à des initiatives législatives et au véto sur les textes adoptés au Parlement. M. Nawrocki remplace à la présidence le conservateur Andrzej Duda, arrivé au terme de son deuxième mandat, avec qui le gouvernement pro-UE était déjà en désaccord sur nombre de sujets aussi importants que le respect de l’Etat de droit ou la libéralisation de l’avortement. La nouvelle cohabitation évoluera entre compétition et confrontation, estiment les analystes, et les principaux acteurs en sont parfaitement conscients, à deux ans des prochaines élections législatives. «Je ne doute pas que M. Nawrocki (...) fera tout pour nous taquiner», a déclaré récemment le Premier ministre Donald Tusk. Et de prévenir qu’il ne le laisserait pas «démolir politiquement» son gouvernement de coalition quadripartite, parfois turbulente. Mercredi, il a rappelé dans un message sur X qu’il avait déjà travaillé en tant que Premier ministre avec trois présidents et indiqué que «nous allons nous en sortir» avec M. Nawrocki. De son côté, Karol Nawrocki a à plusieurs reprises dit considérer le gouvernement en place comme «le pire de l’histoire» de la Pologne démocratique. «La Pologne et les Polonais d’abord» Novice en politique et en relations internationales, M. Nawrocki est un admirateur de Donald Trump, qu’il a rencontré brièvement à la Maison Blanche peu avant le premier tour du scrutin. Pendant sa campagne, il s’est notamment opposé à l’idée d’une adhésion de l’Ukraine à l’Otan, et a reproché à Kiev de ne pas avoir «fait preuve de gratitude pour ce que les Polonais ont fait». Avec son slogan «La Pologne d’abord, les Polonais d’abord», il a ciblé le million de réfugiés ukrainiens vivant dans le pays. Jeudi dernier, M. Nawrocki s’est pourtant entretenu au téléphone avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui s’est déclaré «reconnaissant» d’avoir entendu «l’assurance d’un soutien continu à l’Ukraine». © Agence France-Presse

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